Quel est le rôle d’un papa ?

Au cours de cette édition du Printemps des Familles dédié aux papas, grands-ados et tontons, ces derniers ont fait face aux petits au baby-foot, retombèrent dans l’enfance avec des jeux d’arcade et apprennent à cuisiner des nems. Ils ont également été au centre des conversations, à la fois à la radio des parents et lors de groupes d’échange. La question à laquelle tout le monde cherchait à répondre est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît : quel est exactement le rôle d’un père dans une famille ?

Il n’y a pas si longtemps, la question ne s’est pas posée : les hommes travaillaient et les femmes restaient au nettoyage à domicile et s’occupent des enfants. Chacun avait un rôle bien défini au sein de la famille. « Il est vrai qu’à notre époque, l’homme était moins investi. Il est revenu tard dans la nuit après le travail et était donc moins présent en tant que père », admet Danielle Jacquaut, retraitée et bénévole au Contact 57. Maintenant qu’un vaste majorité des femmes travaillent, ce modèle n’est plus la norme en France, ce qui a nécessité un changement dans l’espace occupé par tous.

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Dans les familles dont la mère et le père travaillent, « les rôles devraient être les mêmes », dit Danielle Jacquaut. En fait, ce n’est pas toujours le cas, mais il évolue dans la bonne direction. Les pères sont plus investis dans l’éducation. Ils participent dès la naissance ». Un sentiment partagé par plusieurs personnes participant au Printemps des Familles et confirmé par Noëlle, ancienne infirmière psychiatrique infantile et bénévole à l’association La Puce à « Il y a une injonction à plus de partage maintenant que les femmes jouent également un rôle économique. Il est encourageant aujourd’hui de voir les pères prendre soin de leurs enfants plus tôt et plus tôt. Avant, il était rarement avant trois ans, l’âge où vous pouvez jouer avec les plus petits ».

Les inégalités qui persistent

Le rôle du père serait donc d’être investi dans l’éducation de son enfant au même degré que la mère. Toutefois, s’il y a une évolution positive à cet égard, l’égalité n’a pas encore été réalisée. C’est au moins l’impression de Malhé Ngoma, accueillant à la Maison d’Anjou, un lieu où les parents accueillent les enfants : « Il y a très rarement des hommes qui visitent cet espace. Pères qui ne sont pas assez présents, c’est aussi un sujet récurrent dans les échanges entre femmes qui viennent à la maison d’Anjou : le fait qu’elles ne prennent pas assez de place dans la relation avec l’enfant, qu’elles sont trop absentes dans l’éducation. Ensuite, nous avons un public composé principalement de femmes au foyer, ce qui peut expliquer le fait que les rôles sont définis de cette façon au sein des familles. »

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Une étude de la Direction des recherches, des études et de la statistique (DARES) montre cependant que cette disparité touche également les couples dans lesquels le père et la mère travaillent :

La mère est le parent à prédominance gardienne et qui y consacre le plus de temps dont elle dispose. Ainsi, selon leur horaire de travail, le temps pendant lequel les mères sont avec leur enfant représente entre 71 % et 81 % de leur temps disponible, alors que le temps de garde des enfants pour les pères ne se situe que entre 53 % et 65 %.

Un père est nécessairement protecteur ? Direction de la recherche, des études et des statistiques

Quand nous demandons aux enfants quel est le rôle d’un père, comme Sidney l’a fait dans cet épisode de Micro Ouvert et Moya Agui avec les petits qui fréquentent la maison de PEP 57, un mot revient : il doit « protéger » sa famille. Pour Noëlle, de la Puce à l’Oreille, « le père est moins proche de l’enfant. Il a donc naturellement plus d’autorité, ce qui explique ce côté protecteur. »

Mais alors pourquoi les pères seraient-ils moins proches de l’enfant ? Selon l’ancienne infirmière psychiatrique infantile, « la mère porte l’enfant, donc elle a une place de choix. Il y a une relation corporelle qui continue, après la naissance, avec l’allaitement maternel. Le rôle de le père est plus périphérique, moins charnel, moins fusionnant, ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas d’attachement. Cependant, il est plus lucide. Il fait sortir la mère et l’enfant de leur bulle, ce qui permet à ces derniers de devenir sociables. Le père doit également signaler à l’enfant qu’il n’est pas le centre de la vie émotionnelle de sa mère.

Il s’agit d’une véritable complémentarité des rôles. Ce lien particulier entre la mère et l’enfant est toujours présent, même s’il se détend au fil des ans, mais cela n’empêche pas l’égalité des responsabilités en matière d’éducation.

Si le père a un fils, il sert également de modèle pour lui. « Les garçons s’identifient au père et les filles à la mère de sorte que le père est important à ce niveau », explique Noëlle. C’est cette relation qui permet à l’enfant de devenir un homme, de se viriliser, de se sexualiser. Les enfants sont beaucoup dans l’imitation des parents. Un homme qui est investi dans le domaine domestique est donc positif pour la mère, mais aussi un bon modèle pour garçon ».

Ce qui est indispensable, c’est avoir l’amour

Les pères jouent donc un rôle majeur dans les familles composées d’une mère, d’un père et d’un enfant, mais qu’en est-il des familles monoparentales ou homo-parentales sans homme ? « Ce qui est essentiel, ce n’est pas d’avoir un père mais d’avoir de l’amour » pour Danielle Jacquaut. Son mari, Georges, et elle sont les grands-parents de deux petits garçons issus d’une union entre deux femmes. Pour eux, l’absence d’une figure paternelle n’est « pas un problème. Ils ne s’interrogent pas davantage sur leur identité que les autres enfants et ils ont toujours des références masculines dans leur entourage proche », explique Georges Jacquaut.

Si Noëlle pense qu’il est encore tôt pour faire du recul sur les familles homo-parentales, elle est sûre d’une chose : « Dans les couples de deux femmes avec enfants, il faut qu’on joue un rôle plus masculin, qu’elle soit moins dans la fusion et ait le pas nécessaire pour ne pas rester dans une bulle coupée de la société ».

La question de l’absence des pères se pose également dans le cas des familles monoparentales composées de femmes célibataires avec enfants qui, en 2014, représentaient 18,9 % de l’ensemble des familles ayant des enfants de moins de 18 ans (source : Insee). À Borny, la proportion de familles monoparentales dans l’ensemble des familles était de 29,4 % en 2010 (Source : Contrat de Ville de Metz Métropole — 2015-2020). Pour Noëlle, cette situation est « compliquée mais il y a des amis, des oncles qui peuvent jouer un rôle et se placer comme des pères porteuses. Si le père est parti, il peut y avoir de la souffrance pour l’enfant, mais si la mère appelle les hommes autour d’elle, cela peut aider et être très positif. »

Les pères jouent donc un rôle primordial au sein de la famille : protecteur, modèle, source de sociabilité,… Cependant, ils ne sont pas indispensables et les familles heureuses peuvent exister sans. Oncle et grand-père sont là pour ça aussi !

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